Rémy Belhomme | Addictus

Beaumage : Mon bon Philibert. Quelle naïveté, quelle innocence. Mais non ! mon brave Philibert, Yasmina n’est pas salariée. Elle est mon addicte !

Philibert : Votre addicte ? Ça consiste en quoi ?

Beaumage : Oui c’est cela. Elle est mon addicte. Terme qui vient du latin « Addictus », qui signifie littéralement « esclave pour dette ». Son père, lorsque je faisais commerce dans son pays s’est trouvé être mon débiteur. Et, malencontreusement, je ne sais pour quelle raison, sans doute que ses affaires ont mal tourné, il s’est retrouvé dans l’impossibilité d’honorer sa dette. Alors, comme c’est l’usage dans ces contrées, il m’a donné sa fille en gage. Jusqu’à ce qu’il soit en mesure de liquider ma créance. Et comme cette créance augmente de jour en jour grâce à la fascinante mécanique des intérêts composés, Yasmina m’appartient. J’en fais ce que je veux et ça n’est pas près de changer. Et je dois dire que je suis bien tombé, car il s’agit d’une addicte talentueuse, très bien éduquée et tout à fait dévouée.

Une farce théâtrale bien construite, où l’humour sert une critique sociale grinçante. Entre légèreté et cruauté, la pièce s’inscrit dans la tradition des grandes comédies satiriques.